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A nous de jouer





Je crains qu'il nous faille nous désintéresser un moment de ceux qui veulent recommencer à s'enrichir à tout berzingue. Qu'ils se dépatouillent avec leur bastringue dans lequel se mêlent les avions de guerre et de paix, le tourisme et la 5G, les systèmes informatiques géants, les pôles d'excellence, l'hyper-vitesse, la compétition internationale, les industries chimiques, automobiles ou militaires, les banques et les assurances, la pénétration des calculs de profit dans les hôpitaux, la police, l'éducation ou les transports. Tout ça interconnecté, démesuré, affligeant de médiocrité, un bastringue devenu si monstrueux que nous ne saurions qu'en faire. Laissons les gens de pouvoir avec ce foutoir qu'ils connaissent par cœur et sur les exigences duquel ils auront toujours le dernier mot. Et nous, faisons à notre façon, où nous sommes, avec nos proches et nos lointains. Nous, de notre côté, avec nos moyens, à notre façon, à notre rythme, semons de quoi nous nourrir, courons et nageons pour le plaisir, jouons de la musique, éduquons-nous réciproquement avec exigence, faisons la fête, bâtissons nos maisons, partageons la science, produisons l'énergie dont nous avons besoin, traçons des villes communes et déployons notre théâtre afin de nous interroger en continu. Réapprenons à rafistoler, à détourner, à bricoler ce que nous avons sous la main. A notre rythme, plantons des arbres, racontons des histoires à nos enfants, nettoyons les ordures laissées devant notre porte par le développement, inventons comment circuler ni trop vite ni trop souvent mais jusqu'au bout du monde s'il vous plait, apprenons les langues des autres, parlons haut et clair sur ce à quoi nous tenons: notre éthique, les sources de nos joies, de nos amours et de nos émerveillements. Faisons-le tout de suite et faisons-le à fond. Il viendra des moments et des lieux où nous entrerons en conflit avec ceux qui cherchent à reconstruire le bastringue productiviste comme si de rien n'était, avec ceux pour qui la terreur et la brutalité seront devenues les ultimes recours. Nous nous expliquerons. S'il le faut, nous nous bagarrerons, nous l'avons déjà fait. Le temps de la résistance viendra mais, pour l'instant, dans l'interstice inattendu qui nous y invite, fabriquons ce qui nous donne goût de vivre. Ecoutant notre for intérieur, agissons d'abord comme nous voulons que les choses deviennent: montrons les traces de demain. Ne nous attardons pas sur les discours d'experts d'un pataquès dont ils sont en bonne part responsables. Ecoutons ceux qui nous rejoignent. Soyons clairs et fermes sur ce à quoi nous tenons. C'est sur l'éthique que nous disputerons. Que vaut ce que vous voulez? Que vaut ce que nous voulons? Nous n'avons pas d'ennemis car nous sommes un seul et même organisme. Contre les gestionnaires du monde moche et tendu dont covid19 nous révèle l'incurie, l'affrontement se fera sur l'éthique. Ne lâchons pas son horizon : la perception sensible du monde qui nous dit ce à quoi nous tenons tant. Nous pouvons commencer maintenant. C'est l'heure.












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A propos
Bienvenue sur ce blog. Vous y trouverez mes réflexions sur... 
Marc Hatzfeld, Sociologue des marges sociales
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